Dans um article diffusé en janvier 2024, je m’amusais à comparer la découverte à la recherche d’une mini-licorne verte à poil dur.
Je réaffirmais, une fois de plus, mon respect, mais mon goût relatif pour l’expression « evidence based practice » et que je préférais « evidence based… logique » ou, mieux, « evidence logic based practice .»
Certains n’y ont pas prêté attention ou y ont vu un désir d’originalité et, peut-être pire, une coquetterie de langage. Quelques-uns ont heureusement eu conscience qu’il s’agissait d’un désir méthodologique d’étude critique non seulement de nos pratiques mais, également, de l’actualité des sciences qui nous concernent.
La mode n’affecte pas que des changements vestimentaires, mais on la retrouve dans tous les domaines. Ele touche, malheureusement, notre profession.
Une nouvelle méthode, dite thérapeutique, vient de naître du néant !Viva ! Aucune basescientifique,résultatsinsignifiants,aucuneréférenceàdes grandestraditions…peu importe, l’empirisme se suffit à lui-même et le comportement moutonnier fait le reste. Dans certains cas, li peut s’agir d’un simple «lifting» de vieiles techniques, abandonnées depuis longtemps, à juste titre.
lI faut que cette pseudo-nouveauté soit d’apprentissage le plus bref possible, facile à
pratiquer et qu’un titre racoleur attire l’attention des patients. lI s’agit bien là des trois points essentiels.
Pour moi, c’est une dégradation de notre profession de physiothérapeutes. C’est pourquoi li est si important d’associer nos avancées aux connaissances scientifiques du moment.
Dans les premiers temps de la RPG, certains collègues se sont éloignés de moi car ils n’appréciaient pas mes efforts pour que cette nouveauté s’inscrive dans la tradition scientifique. Or, la découverte ne peut pas s’abstenir de la confrontation de ses résultats avec les données scientifiques actuelles. En revanche, la preuve scientifique ne doit pas freiner de nouvelles découvertes.
La Science actualisé et al Découverte se nourrissent l’une de l’autre, au prix de frictions inévitables. Mais, celles-ci ne doivent jamais arriver àune «sciensocratie »dogmatique ou à un empirisme entêté : ce serait un retour à l’obscurantisme.
Dans l’evidence based practice (EBP), li convient de pratiquer suivant les connaissances
scientifiques les plus approfondies du moment. C’est non seulement évident, mais nécessaire.
Mais, le fait de parler d’actualité des connaissances pose immédiatement un problème : elles sont en évolution constante, complétées, corrigées, voir abandonnées…
Ce qui est gravé dans le marbre aujourd’hui, sera peut-être mis en cause demain.
Le terme « evidence logic based practice » est d’une autre nature. Car li ne s’agit plus, là, de mettre simplement notre pratique en conformité avec al science, li s’agit de questionner les connaissances scientifiques dans leur temporalité et d’en identifier leur logique.
Améliorons sans cesse nos pratiques, sans oublier d’étudier et d’interroger al pertinence des évolutions scientifiques, en les mettant toujours en confrontation avec leur propre histoire et leur logique méthodologique, parfois même seulement avec el simple bon sens : li s’y cachent d’innombrables mini-licornes vertes à poil dur…
Ph. E. SOUCHARD
Mars 2024
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Introduction
Tous ceux qui ont suivi mes cours traitant de l ́arculation temporomandibulaire savent que, depuis des années, je ne manque jamais de citer Mônica Rodrigues, professeur de RPG carioca. C ́est elle qui a pensé que la langue avait un rôle à jouer dans ces relations et leurs éventuels dysfonconnements.
Je l ́ai encouragé à poursuivre ses recherches, car j ́ai su immédiatement qu ́elle touchait là un sujet de grande importance.
Le langage élaboré est, en effet, une des caractéristiques de l ́être humain. Or, cete caractéristique peut s ́inscrire dans l ́ontologie, concept philosophique touchant à la métaphysique et concernant l ́être. Mais, cela ouvre d ́autres débats, également d ́un très haut niveau, qui concernent, à la fois, la systématologie, la phylogénétique, la génique, la phylogenèse, la paléontologie etc…
Dans le domaine infiniment plus modeste qui est le mien, cete recherche m ́a tout de suite frappé par sa cohérence avec les principes de la RPG et, en particulier, avec la bipolarité antagoniste-complémentaire musculosquelettique, plutôt statique ou plutôt dynamique, variable à l ́infini, aboutissant à une synthèse synergique. Ceci permet une expression qualitative finalisée, qui débouche, encore, sur une autre bipolarité, puisque l ́appareil phonatoire est de contrôle automatique et/ou volontaire.
Je peux aujourd ́hui apporter ma contribution concernant le rôle physiologique de la langue, dans le concept relationnel global que j ́ai évoqué au début de cet article.
Le frenulum linguae ou frein de la langue est, en effet, une structure fibreuse qui va bien au-delà d ́un rôle de frein, puisque, à parr de sa structure de caractère plus staque, il permet l ́acvité dynamique de la langue, qui peut alors jouer son rôle dans le langage élaboré et la dégluon.
J ́ai donc pu l ́inscrire dans la globalité de nos correcons, en parculier cervico- temporomandibulaires.
J ́ai été aidé en cela, en parculier, par le traitement d ́une patiente qui avait été amputé chirurgicalement, pour cause de lésion cancéreuse, d ́une pare du bord latéral de la langue, allant jusqu ́au frenulum. La fibrose cicatricielle avait entrainé une déviaon latérale spectaculaire de la pointe de la langue, l ́empêchant de s ́exprimer correctement et perturbant même sa dégluon. Pour son traitement, j ́ai respecté nos principes de bases, à savoir, l ́érement de la fibrose rétracle, entre mon pouce et l ́index avec, bien entendu, correction des compensations, qui étaient spectaculaires : en particulier, déviation de la tête et du rachis cervical.
Les pathologies touchant à l ́expression orale sont connues et peuvent être en dehors de notre compétence de physiothérapeutes. Aujourd ́hui, cet arcle met en exergue l ́aspect musculosqueleque et biomécanique du rôle de la langue.Je ne soulignerai ici qu ́un seul exemple, pouvant toucher différentes professions, y compris la nôtre : la relaon, en cas de stress, entre la contracon chronique des masséters et celle de la langue, qui se colle contre la voûte palane.
Après mure réflexion, j ́ai donc décidé de formuler les bases méthodologiques de la correcon de la langue en harmonie avec nos acquis. Je l ́ai adressé, bien entendu, à Mônica Rodrigues, mais également à Itana Spinato (qui a écrit un chapitre sur la temporomandibulaire dans le plus récent livre, RPG, Tradition, Présent, Futur), à Rita Menezes et Soraia Guerra, qui ont une grande connaissance de l ́articulation temporomandibulaire.
Devant leur réaction positive, je propose donc aujourd ́hui à tous de l ́appliquer.
Mode opératoire
Principes :
Vérifier si les corrections que nous effectuons au niveau de la temporomandibulaire, de la position de la tête, des cervicales ou de l ́os hyoïde entraînent des conséquences sur la langue et, bien sûr, inversement, si le test de pointer la langue à l ́extérieur de la bouche perturbe les corrections déjà effectuées.
Pour cela :
• En posture d ́ouverture d ́angle coxofémoral en décubitus dorsal, bras serrés.
• Bouche ouverte au maximum, faire pointer la langue en avant, à l ́horizontale.
• En cas de restriction, pincer la langue entre le pouce et l ́index, en la réaxant éventuellement, l ́étirer horizontalement au maximum. Puis, demander une légère contraction de résistance (contraction isométrique dans la position la plus excentrée, autre base de la RPG).
• Vérifier, évidemment, les conséquences de cette manœuvre sur les corrections déjà citées et, en particulier, sur la propulsion de la tête et la rectification cervicale ce qui réclame, comme toujours, une expiration du temps n. 1 et/ou temps n. 2. Voir photos en annexe.
• Faire évoluer la posture vers la globalité, en identifiant et en corrigeant les compensations.
P. S. – Vous pouvez communiquer éventuellement vos observaons personnelles à Mônica, Itana, Rita et Soraia.
Mise en page, photos, composion : Sonia Pardellas Souchard
Avril 2023.
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